Ecrivain, scénariste et homme politique espagnol dont l'essentiel de l'œuvre littéraire est rédigé en français.
“Le bonheur de l’écriture, je commençais à le savoir, n’effaçait jamais ce malheur de la mémoire. Bien au contraire: il l’aiguisait, le creusait, le ravivait. Il le rendait insupportable.”L'écriture ou la vie
Contexte : "L'écriture ou la vie" est le récit autobiographique de Jorge Semprun sur la vie après avoir été libéré d'un camp de concentration, ainsi qu'une réflexion sur la difficulté de raconter cette expérience de la déportation.
“On a le droit de faire sursauter un lecteur, de le prendre à rebrousse-poil, de le provoquer à réfléchir ou à réagir au plus profond de lui-même: on peut aussi le laisser de glace, bien sûr, lui passer à côté, le manquer ou lui manquer. Mais il ne faut jamais le dérouter, on n’en a pas le droit : il ne faut jamais, en effet, qu’il ne sache plus où il en est, sur quelle route, même s’il ignore où cette route le conduit.”L'écriture ou la vie
“Plus je me remémore, plus le vécu d'autrefois s'enrichit et se diversifie, comme si la mémoire ne s'épuisait pas .”Adieu, vive clarté
“La vie en soi, pour elle-même, n'est pas sacrée : il faudra bien s'habituer à cette terrible nudité métaphysique.”Adieu, vive clarté
“Le bonheur, c’est toujours le présent, au moment même.”Le grand voyage
p.172
extrait de : "Le bonheur, je t’ai dit déjà, c’est toujours le présent, au moment même."
“Un homme devrait pouvoir être un homme même s’il n’est pas capable de résister à la torture.”Le grand voyage
“Le contraire d'une connerie, ce n'est jamais qu'une autre connerie.”Le grand voyage
“Tout a une fin dans la vie, même les raisons de vivre. Mais pourquoi ne vivrait-on pas sans raisons ? Je veux dire, sans autre raison que celle de vivre, précisément, avec toutes ses conséquences.”Exercices de survie
“Une beauté évidente ne suscite pas la pensée, mais le bonheur : une sorte de béatitude.”L'écriture ou la vie
“Il n’y a pas de mot en français pour saisir d’un seul trait la vie comme expérience d’elle-même. Il faut employer des périphrases. Ou alors utiliser le mot « vécu ».... Mais l’expérience de la vie, que la vie fait d’elle-même, de soi-même en train de la vivre, c’est actif.”L'écriture ou la vie
"Il n’y a pas de mot en français pour saisir d’un seul trait la vie comme expérience d’elle-même. Il faut employer des périphrases. Ou alors utiliser le mot « vécu », qui est approximatif. Et contestable. C’est un mot fade et mou. D’abord et surtout, c’est passif, le vécu. Et puis c’est au passé. Mais l’expérience de la vie, que la vie fait d’elle-même, de soi-même en train de la vivre, c’est actif. Et c’est au présent, forcément. C’est-à-dire qu’elle se nourrit du passé pour se projeter dans l’avenir."
“Et puis n'oubliez pas la remarque de Hannah Arendt : aucune réflexion théorique n'aura jamais la richesse de sens d'une histoire bien racontée.”Netchaïev est de retour
“Comme la découverte de l’amour, comme la découverte de la mer, celle de Dostoïevski marque une date mémorable de notre vie. Elle correspond généralement à l’adolescence : la maturité cherche et trouve des écrivains plus sereins.”Netchaïev est de retour
“La vie n'est pas parfaite on le sait, elle peut-être un chemin de perfection.”L'écriture ou la vie
“S'il y a une morale, ici, ce n'est pas celle de la pitié, de la compassion, moins que jamais une morale individuelle. C'est celle de la solidarité. Une solidarité de la résistance, bien sûr : une morale de résistance collective.”La mort qu'il faut
“Les poèmes de Baudelaire m'ouvrirent l'accès à la beauté de la langue française. A sa beauté concrète et complète, j'entends : beauté du son autant que du sens, prosodique autant que conceptuelle, sensuelle autant que significative.”Adieu, vive clarté
“Jamais je ne pourrais contempler les figures de Giacometti sans me souvenir des étranges promeneurs de Buchenwald.”L'écriture ou la vie
" jamais je ne pourrais contempler les figures de Giacometti sans me souvenir des étranges promeneurs de Buchenwald : cadavres ambulants dans la pénombre bleutée de la baraque des contagieux ; cohortes immémoriales autour du bâtiment des latrines du Petit Camp, trébuchant sur le sol caillouteux, boueux dès la première pluie, inondé à la fonte des neiges, se déplaçant à pas comptés"
“Il n'y a rien de pire que la transparence absolue de la vie privée, où chacun devient le big brother de l'autre.”Le mort qu'il faut
“Nous ne sommes pas des rescapés, mais des revenants.”L'écriture ou la vie
“Enfin de compte, ma patrie n'est pas la langue, ni la française ni l'espagnole, ma patrie c'est le langage.”Mal et modernité
La phrase et son contexte : "Enfin de compte, ma patrie n'est pas la langue, ni la française ni l'espagnole, ma patrie c'est le langage. C'est-à-dire un espace de communication sociale, d'invention linguistique : une possibilité de représentation de l'univers. De le modifier aussi, par les œuvres du langage, fût-ce de façon modeste, à la marge."
“Le désintérêt, le désamour de soi, d'une certaine idée de soi-même, était le premier pas sur le chemin de l'abandon.”Le mort qu'il faut
La phrase dans son contexte : "Si on remarquait qu'un copain négligeait de faire sa toilette matinale et que, de surcroît, son regard s'éteignait, il fallait aussitôt intervenir. Lui parler, le faire parler, l'intéresser de nouveau au monde, à lui même. Le désintérêt, le désamour de soi, d'une certaine idée de soi-même, était le premier pas sur le chemin de l'abandon."
“J'ai traversé la mort, elle est devenue une expérience de ma vie.”L'écriture ou la vie
Ed Gallimard, 1994, p.149
“Je n'ai pas voulu dire autre chose que ceci : c'est que la littérature est possible seulement au terme d'une première ascèse et comme résultat de cet exercice par quoi l'individu transforme et assimile ses souvenirs douloureux, en même temps qu'il se construit sa personnalité.”L'écriture ou la vie
“Depuis deux ans, je vivais sans visage. Nul miroir, à Buchenwald.”L'écriture ou la vie
“Une année à Buchenwald m'avait appris concrètement ce que Kant enseigne, que le Mal n'est pas l'inhumain, mais, bien au contraire, une expression radicale de l'humaine liberté.”Le mort qu'il faut
“Mon expérience personnelle m'apprend que ce n'est pas la victime mais le bourreau - si celui-ci en réchappe, s'il y survit dans une existence ultérieure, même anonyme et apparemment paisible - qui ne sera plus jamais chez soi dans le monde, quoi qu'il en dise lui-même, quel que soit son faire-semblant.”Exercices de survie