J'exprimerai ici un de mes vœux. Je voudrais qu'il existât comme une affaire Dreyfus en permanence, qui permit de toujours reconnaître ceux qui sont de notre race morale et les autres...
Un régulier dans le siècle
1938

" J'exprimerai ici un de mes vœux. Je voudrais qu'il existât comme une affaire Dreyfus en permanence, qui permit de toujours reconnaître ceux qui sont de notre race morale et les autres, au lieu que, dans le mensonge de la vie courante, ces distinctions sont estompées et je dois, parce qu'ils relèvent d'un certain ton et d'une certaine coupe d'habits, serrer la main de gens que je méprise pleinement. Je manifestais cet esprit dès le lendemain de l'affaire; car, alors que mes amis parlaient de " l'apaisement ", je déclarais ne l'appeler nullement, mais souhaiter que l'adversaire continuât de proclamer sa thèse en toute rigueur afin que je pusse toujours lui signifier la mienne. On me dit : " Que faites‑vous de l'intérêt de la France, qui veut la paix entre les Français? " Je réponds que l'intérêt de la France m'est fort peu de chose auprès de la netteté en matière morale, et que cette préférence est une définition de ma forme d'esprit. Je dois convenir, au reste, que je suis bien servi, le 6 février, l'affaire éthiopienne, l'arrivée du ministère Blum, la guerre civile espagnole ayant produit chez nous une véritable affaire Dreyfus constante, dont j'espère qu'elle durera jusqu'à la fin de mes jours. (Toutefois je me vante : je ferais taire mes inimitiés si la France était en danger.) »

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